La direction de BFM TV a lancé une enquête interne pour comprendre l’origine de contenus diffusés par la chaîne dans des circonstances troubles, a appris POLITICO de multiples sources internes.
Des images et propos n’ayant pas suivi les circuits de validation habituels ont été diffusés pendant l’émission Le journal de la nuit, un journal télévisé diffusé à partir de minuit, laissant soupçonner une ou plusieurs opérations d’influence à l’origine encore non confirmée, selon une dizaine de sources internes au fait de l’audit. Des auditions ont notamment été lancées auprès des collègues du présentateur Rachid M’Barki, qui n’est plus apparu à l’antenne depuis la mi-janvier.
“Une enquête interne a été ouverte il y a deux semaines suite à des informations reçues concernant un journaliste de notre chaîne,” a confirmé auprès de POLITICO un membre de la direction du groupe. “Ce journaliste est en dispense d’activité depuis le début de cette enquête et pour tout le temps de cette enquête. BFM est probablement victime dans cette affaire et nous ne pouvons tolérer aucune suspicion sur le travail de l’ensemble de notre rédaction et de nos 300 journalistes.”
Contacté, Rachid M’Barki explique avoir “utilisé des infos qui [lui] venaient d’informateurs” et qui n’ont “pas forcément suivi le cursus habituel de la rédaction”. Le journaliste nie toutefois tout caractère intentionnel. “Elles étaient toutes réelles et vérifiées, je fais mon métier. … Je n’écarte rien, peut-être que je me suis fait avoir, je n’avais pas l’impression que c’était le cas ou que je participais à une opération de je ne sais quoi sinon je ne l’aurais pas fait.”
Le directeur général de la chaîne Marc-Olivier Fogiel a communiqué auprès de la société des journalistes mi-janvier, avant d’officialiser plus largement la tenue de l’enquête qui fait l’objet de nombreuses spéculations en interne, notamment sur la possible implication d’Etats étrangers.
“J’ai eu très peu de détails, j’ai juste su qu’il y avait une enquête en cours, une ingérence possible d’un Etat et la diffusion de trucs qui n’auraient pas dû l’être,” précise un membre de la société des journalistes.
La nouvelle intervient alors qu’un scandale de corruption et d’ingérence étrangère présumée secoue le Parlement Européen et soulève des questions sur d’éventuelles ramifications dans différentes capitales européennes. Plusieurs eurodéputés et ex-eurodéputés sont soupçonnés par la justice belge d’avoir reçu des pots-de-vin pour soutenir des positions favorables à certains Etats étrangers, dont le Qatar et le Maroc.
Si la direction de BFM TV refuse pour l’instant de se prononcer sur une éventuelle ingérence étrangère, elle se dit prête à prendre “toutes les mesures à la fois juridiques, judiciaires, individuelles et d’organisation si nécessaire, selon les résultats de cette enquête”.